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Vieux 02/03/2011, 18h36   #56
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Par défaut histoire mv5

. En course, MV réussit encore à faire front aux 2T de Yamaha et aux Suzuki de Saarinen et Barry Sheene. Les héros de cette résistance à l’invasion japonaise furent le coriace Phil Read, vainqueur de deux titres en 1975 et, naturellement, Giacomo Agostini. Ce dernier, après un court passage chez Yamaha, faisait un retour sensationnel au guidon des motos de Cascina Costa et remporta, le 29 août 1976 sur le circuit du Nurburgring, la dernière victoire du palmarès MV Agusta.

La situation économique précaire de l’entreprise obligea la direction de MV Agusta à rechercher un nouveau partenaire économique. La solution fut apportée par l’EFIM (Organisme Participations et Financement Industrie Manufacturière), colosse des finances publiques, qui imposa à MV Agusta d’abandonner la compétition pour assainir l’entreprise.
Une décision douloureuse qui mit fin à l’évolution de la nouvelle génération de propulseurs bi-arbre à 16 valves de grosse cylindrée (750 et 850 cc) dont les débuts étaient prévus au Salon de la moto de Milan en 1977. L’entreprise, qui avait en fait déjà réservé un stand, ne participa pas au salon mais continua son existence commerciale jusqu'en 1980 lorsque le dernier exemplaire des entrepôts de Cascina Costa fut vendu. Le nom MV Agusta eut à nouveau les honneurs de la presse en juillet 1986 lorsque a presse spécialisée publia un encart sur la vente de motos de course, de prototypes, de châssis et de moteur du mythique atelier de courses.
La nouvelle fit sensation si bien que de célèbres journalistes invoquèrent l’intervention de l’état pour protéger le patrimoine culturel du pays. Malheureusement, la valeur historique et technique inestimable de ces invincibles motos de course ne fut pas en mesure d'attirer l'intérêt du Ministère de l'Industrie et des Participations de l'État, si bien que le lot de motos et de pièces détachées fut entièrement acheté par un certain Roberto Iannucci, un américain, d’origine italienne, pour une somme proche du milliard et demi de lires.
C’est dans une atmosphère alourdie par les polémiques et la nostalgie pour un passé glorieux que s’acheva le chapitre industriel de MV Agusta de Cascina Costa.
Les polémiques suscitées par l’affaire Iannucci s’étant éteintes, MV Agusta eut à nouveau l’honneur des la chronique au printemps 1992, grâce à un communiqué de presse inattendu diffusé par le service de presse de Cagiva Motor. Le contenu rendait officiel le changement de propriétaire de la marque de Cascina Costa, acheté par le groupe Castiglioni au terme d'une longue bataille avec d'autres prétendants du monde financier et industriel. Les négociations portèrent exclusivement sur la propriété de la marque, car les machines et les motos avaient été en grande partie vendues, à l’exception d’un lot de motos de route et de compétition, amoureusement conservées par le GLA (Groupe des anciens travailleurs) Agusta et exposées à présent au musée de Cascina Costa.
La nouvelle fit sensation chez les passionnés de deux roues. L’achat de cette marque légendaire par les entrepreneurs les plus dynamiques et déterminés du monde de la moto garantissait la renaissance de MV Agusta. Du reste, la famille Castiglioni était l’unique entreprise du secteur en mesure de transformer des entreprises en crises en activités gagnantes. Partant des cendres de la glorieuse Aermacchi AMF les Castiglioni avaient avec maestria créé Cagiva, destinée peu après à sauver de l'agonie Ducati, victime des stratégies des finances publiques. En portant la production de la suédoise à Schiranna, le groupe se présentait et continue à se présenter avec la gamme de motos la plus diversifiée d'Europe. Mais alors que les autres marques apportaient un héritage technique ou industriel, l’unique certitude de la glorieuse MV Agusta était sa célébrité et la force expressive de sa marque.

Les concepteurs de Cagiva Motor se trouvèrent confrontés à une feuille blanche et durent faire tout leur possible sachant qu’une MV Agusta ne pouvait pas avoir, par cohérence avec son histoire, de propulseur à 4 ou 3 cylindres en ligne sur le devant. Cette configuration était alors totalement absente du panorama motocycliste européen, Carlo Castiglioni dut donc choisir: acheter un moteur japonais ou en créer un entièrement neuf. C’est la deuxième solution qui fut choisie en partant d'un projet étudié précédemment par Ferrari, appelé F4, mis au point jusqu’à nos jours par les techniciens et les mécaniciens de MV Agusta. Au départ le moteur prévoyait des solutions exclusives comme la disposition des valves radiales, héritée des pluri fractionnées de Ferrari et le changement de vitesse extractible, hérité de la Cagiva GP.
L’industrialisation de ce nouveau moteur intéressa à la fois la partie cycliste et l’esthétique, confiée à Massimo Tamburini, directeur du Centre de recherche Cagiva. Tamburini, qui habillait depuis longtemps ce genre de propulseur, vantait une longue expérience chez Bimota (acronyme de Bianchi, Morri et Tamburini). Le premier prototype fut achevé à la veille du salon de Milan en 1997 et présenté à la presse le 16 septembre de la même année.
Les journalistes furent alors éblouis par la merveille appelée MV Agusta F4. Rouge et argentée, comme ces ancêtres, avec ce pot d’échappement en tuyaux d’orgue, en mesure d’évoquer des symphonies perdues, la MV Agusta F4 devint immédiatement le rêve de tous les motocyclistes. L’industrialisation qui suivit s’articula en deux phases distinctes. Tout d’abord la production en tirage limité de 300 F4 Série Or, équipées de carrosserie en carbone, de parties en magnésium et d’un moteur avec un carter fondu en terre qui anticipa la réalisation de la version S, destinée à un plus vaste public, grâce à son prix inférieur de moitié. C’est en avril 1999 qu’eut lieu, sur le circuit de Monza, la première présentation dynamique de la F4 Série Or, qui attira les envoyés spéciaux de plus de cent publications du secteur. La moto impressionna par sa vitesse, plus de 280 km/h et par son extraordinaire composante cycliste, universellement reconnue comme référence absolue. Malgré son prix, plus de 68 millions de lires, la F4 Série Or se vendit très bien et occupa vite une place d'honneur dans les garages des riches amateurs de moto du monde entier.
Rappelons entre autres le roi d’Espagne, Juan Carlos, le pilote de F1, Eddie Irvine et de nombreuses autres personnalités du monde des finances et de la mode. Pour produire la nouvelle MV Agusta, il fallut entièrement réorganiser le cycle productif et reconvertir l'établissement de Schiranna à la production de moteurs tandis que l'assemblage final s'effectuait dans la nouvelle usine de Cassinetta di Biandronno. La nouvelle organisation de la production fut aussi déterminée par la réalisation de la F4 S, une moto dérivée de la Série Or, destinée à un plus vaste public… avec par conséquent des volumes de production nettement supérieurs. C’est ainsi que furent réalisées les variantes actuelles comme la série spéciale Senna et la sportive SPR, jusqu’à l’arrivée de la nouvelle Brutale. L’histoire laisse ici la place à la chronique contemporaine.